Quelques infos sur la pose longue (Eric Plaige)

La pose longue

La pose longue qu’est ce que c’est ?

Comme son nom l’indique, la pose longue consiste à jouer avec des temps de pose beaucoup plus longs que ceux habituellement choisis. On considère que la pose est longue lorsqu’elle dure de quelques secondes à quelques minutes. Mais dans quel but ? la pose longue va permettre de produire des effets photographiques intéressant : des atmosphères inhabituelles, des images épurées ou aussi un moyen de gommer des éléments passagers mais gênants comme des pietons.

Les sujets adaptés à la pose longue.

Le fondement de la pose longue consiste à jouer sur les éléments mobiles en contraste avec des sujets fixes. Si l’on prend une photo du Sahara avec un ciel sans nuages et sans vent, la pose longue n’apportera rien. Les sujets adaptés les plus utilisés seront :

La mer, avec les vagues, les remous, les surfaces sans cesse changeantes s’y prête très bien. Suivant les temps de pose, de 10 s à plusieurs minutes, on peut obtenir des surfaces lisses, éthérées, avec des zones blanches texturées.

https://www.juliaannagospodarou.com/Landscapes/Landscape/i-xjXZCRt/A

Les rivières et lacs. En fait on cherchera ici une météo calme pour pouvoir lisser complétement la structure de l’eau et exploiter complétement la photogénie de l’eau et du temps qui semble arrété. Des temps de 30 s à plusieurs minutes seront utiles.

https://www.hpd-fotografy.com/the-water#9

Les chutes d’eau. Lisser le rideau d’eau d’une cascade apportera de la douceur et de la poesie à une photo. Les durées d’exposition ne seront pas aussi longues que pour un paysage marin, souvent quelques secondes suffisent.

https://www.hpd-fotografy.com/the-water#1

Les montagnes. S’il y a un sujet qui ne bouge pas, c’est bien celui-ci ! La montagne jouera ici le rôle de l’élément fixe contrastant avec les sujets mobiles comme les nuages ou des éléments aquatiques.

http://www.nenadsaljic.com/photography/portrait-matterhorn/

Les campagnes, même si elles attirent moins les photographes de pose longue, pourront néanmoins fournir de très belles photos si on lui adjoint un ciel nuageux et mouvementé.

https://www.juliaannagospodarou.com/Landscapes/Landscape/i-5dkkRgF/A

Les villes. Si on peut aussi jouer avec les ciels mouvementés, un autre intérêt de la pose longue sera de gommer les personnes présentes sur le lieu (si elles bougent). Des poses des vitesses de 1/60 à quelques secondes seront utiles pour cela.

https://www.juliaannagospodarou.com/Architecture/Architecture/i-6qGGRc5/A

L’architecture. Comme pour les montagnes le ou les bâtiments joueront le rôle de l’élément fixe contrastant avec l’élément mobile que seront les nuages.

https://www.juliaannagospodarou.com/Architecture/Architecture/i-kz4vdsh/A

Le matériel.

En plein jour, la forte luminosité empêche de faire une pose de plusieurs secondes, même en fermant le diaphragme au maximum. L’utilisation de filtre pour réduire de manière importante la quantité de lumière arrivant sur le capteur est indispensable. Par ailleurs, les temps d’exposition dépassant la capacité du photographe à faire de la photo nette à main levée, l’emploi d’un trépied est impératif. Enfin la pose longue étant réalisée en mode « bulb » une télécommande est l’accessoire idéal pour lancer le déclenchement et arrêter la prise de vue.

Les filtres ND:

Ils servent donc à augmenter le temps d’exposition de plusieurs secondes à plusieurs minutes. Ils peuvent aussi avoir une autre utilité, faire disparaitre de la photo des personnes qui bougent.

Le pouvoir bloquant du filtre s’exprime en « stops », avec un stops qui équivaut à la réduction de la lumière d’un IL (on divise la quantité de lumière pas deux). Par exemple, Un filtre de 4 stops va permettre de passer d’un temps d’exposition de 1/500 s à 1/30 s (1/500->1/250->1/125->1/60->1/30).

On trouve des filtres en gros de 3 stops à 16 stops, les valeurs les plus élevées étant plus difficiles à trouver et surtout plus chères.

Les filtres existent en deux versions, circulaires à visser ou rectangulaires sur porte filtre. L’avantage de ces derniers est qu’ils peuvent servir pour toutes les optique que l’on possède (moyennant un bague adaptatrice). Leur inconvénient est qu’il peut y avoir des problèmes de lumière parasite qui se glisse entre le filtre et l’objectif. On peut superposer des filtres (circulaire ou rectangulaires), un filtre de 3 stops plus un de 7 stops sera l’équivalent d’un filtre de 10 stops. On gagne en nombre de possibilités, mais on perd un peu en qualité. Il existe aussi des filtres circulaires variables, leur étendue est limité entre 2 et 10 stops.

Quel est le nombre de stops que l’on doit prendre ? Cela dépends de la durée de pose que l’on souhaite et cette dernière dépendra de l’effet voulu qui reste subjectif. A titre d’exemple, en pleine journée, un filtre de 6 stops permettra d’avoir des vitesses d’obturation entre 1/8 et 1 s. On sera dans le domaine des vitesses lentes pour faire des flous de mouvement (cascades), mais pas de pose longue. Avec un filtre de 10 stops on pourra faire de quelques secondes à 1 minute. Et avec 16 stops on pourra monter jusqu’à 30 mn !

Le trépied :

Un trépied costaud pèse lourd, il sera plus stable en cas de vent et évitera des bougés. Certains trépieds ont un croché en dessous qui permet d’attacher un sac avec du leste, pour le rendre encore plus stable. Un trepied ou l’appareil est à hauteur de l’œil sera plus confortable pour le dos.

La télécommande :

Elle devient indispensable dès qu’on dépasse des temps d’exposition de plus de 30 s qu’on ne peut plus programmer sur l’appareil. On ne va pas resté appuyé sur le déclencheur pendant plus de 30 secondes ! La télécommande, grâce au mode bulb permettra de démarrer l’exposition par une première pression puis de l’arrêter par une deuxième, entre le deux on aura chronométré le temps.

Il existe des télécommandes filaires (pas chères), à infrarouge ou par radio, on peut aussi se servir de smartphones grâce au wifi.

Derniers accessoires :

Le cache oculaire pour éviter des lumières parasites. Une batterie de rechange (on est sur des temps de pose et de manipulation assez longs).

En pratique, comment ça se passe.
Problème du bruit: En général on associe le bruit à un nombre important d’iso. En pose longue on réglera l’appareil sur 100 iso puisqu’on a autant de lumiere que l’on souhaite en jouant sur la durée. Par contre le capteur chauffe plus et génère un bruit proportionnel à la durée de la pose. Pour éviter cela les appareils ont un réglage qui s’appelle « réduction du bruit en pose longue » qui permettra de supprimer une partie de ce bruit.
Repérage et cadrage: Certaines photos tirant leur effet du déplacement des nuages, il pourra être utile de repérer le sens du vent. Pour la mer, les effets les plus marqués seront par mer forte.
Mise au point: Il faut bien comprendre que l’autofocus ne marchera pas une fois le filtre ND placé sur l’optique, et que le viseur sera bien trop sombre pour faire une mise au point manuelle. Il faut donc faire cette mise au point avant de placer le filtre, pour cela on a trois possibilités :
Utiliser l’autocus puis basculer en mise au point manuelle pour bloquer le réglage.
Faire la mise au point manuellement.
Faire appel à la technique de l’hyperfocale pour avoir une grande profondeur de champs.

Il faudra pense à désactiver le stabilisateur de l’appareil qui n’est pas adapté à l’utilisation d’un trépied.

Réglage du boitier:
Choisir de préférence le mode Raw.
Régler la sensibilité à sa valeur la plus faible (50, 100, 200 iso)
Choisir le mode priorité ouverture, et régler une ouverture adequate (on évitera les ouvertures trops grandes , >1/16, pour ne pas réduire le piqué de l’image).
On active la réduction du bruit en pose longue (l’appareil prend une photo noire avec le même temps de pose pour repérer le bruit et le soustraire à la photo d’origine). L’inconvénient de ce mode étant de doubler le temps de pose.
Prise d’une photo à vitesse normale: Cela a pour but de relever la vitesse utilisée sans le filtre, et éventuellement de vérifier le cadrage. On note soigneusement cette vitesse.
Choix du filtre ND : Cela dépendra du temps de pose que l’on souhaite (en fonction de l’effet recherché) et de la lumière présente. SI par exemple, on veut une pose de 4 mn alors qu’on a relevé une vitesse sans filtre de 1/250, Il faut multiplier ce temps de 1/250 s, 16 fois par 2 pour obtenir 4 mn, soit un filtre de 16 stops. On peut naturellement jouer un peu sur l’ouverture et les iso pour pouvoir utiliser le filtre que l’on a acheté !.
On place le filtre sur l’objectif : En ayant soin de retirer le filtre UV (moins il y a de filtre moins on perd en qualité).
On occulte le viseur pour éviter le lumières parasites.
On active le mode « Bulb » : Puis on déclenche la télécommande . l’arrêt sera automatique si on un télécommande programmable, ou sinon manuel, auquel cas après avoir minuté le temps on stoppe la prise de vue. Ne pas oublier que si l’on a activé le mode de réduction du bruit en pose longue, il faut attendre encore le même temps pour que la photo soit finie.
On vérifie le résultat.